“La” nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu: ouvrage orné d'un frontispice et de quarante sujets gravés avec soin, Volume 3

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Bertrandet, 1797 - 312 pages
 

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Page 48 - Vous nous parlez d'une voix chimérique de cette nature qui nous dit de ne pas faire aux autres ce que nous ne voudrions pas qui nous fût fait ; mais cet absurde conseil ne nous est jamais venu que des hommes, et d'hommes faibles.
Page 62 - Le motif qui m'engage à me livrer au mal est né chez moi de la profonde étude que j'ai faite de la nature. Plus j'ai cherché à surprendre ses secrets, plus je l'ai vue uniquement .occupée de nuire aux hommes. Suivez-la dans toutes ses opérations : vous ne la trouverez jamais que vorace, destructive et méchante, jamais qu'inconséquente, contrariante et dévastatrice. Jetez un instant les yeux sur l'immensité de maux que sa main infernale répand sur nous en ce monde.
Page 64 - ... pour la mieux heurter toute ma vie. Ses filets meurtriers sont tendus sur nous seuls; essayons de l'y envelopper elle-même en la masturbant, si je peux: barrons-la dans ses œuvres pour l'insulter plus vivement; et troublons-la, s'il est possible, pour l'outrager plus sûrement.
Page 178 - Encore une fois, notre intérêt ne décide point de la réalité d'une chose; et quand même il nous serait plus avantageux d'avoir affaire à un être aussi favorable que ses partisans le désignent, cela ne prouverait nullement l'existence de cet être. Il est mille fois plus agréable pour l'homme de dépendre d'une nature aveugle, que d'un être dont les bonnes qualités, soutenues par les seuls théologiens, sont à tout moment démenties par les faits. La nature, bien étudiée, nous fournit...
Page 50 - Ayons la force de renoncer à ce que nous attendons des autres, et nos devoirs envers eux s'anéantiront aussitôt. Que sont, je vous le demande, toutes les créatures de la terre vis-à-vis d'un seul de nos désirs? et par quelle raison me...
Page 51 - ... en appréhender, je dois bien certainement en tirer tout ce que je puis pour améliorer mes plaisirs, et ne les considérer toutes que comme des êtres purement créés pour les servir *. La morale, je le répète, est donc inutile au bonheur : je dis plus, elle y nuit, et ce ne sera jamais qu'au sein de la corruption la plus étendue et la plus générale, que les individus, comme les sociétés, trouveront la plus forte dose possible de félicité sur la terre. Mettant bientôt ces systèmes...
Page 263 - Mais, sans aller chercher des exemples dans des siècles si reculés de nous, de quel œil ce malheureux sexe est-il vu, même encore, sur la surface du globe ! comment y est-il traité ? Je le vois enfermé dans toute l'Asie, y servir en esclave aux caprices barbares d'un despote qui le moleste, qui le tourmente, et qui se fait un jeu de ses douleurs. En Amérique, je vois des peuples naturellement humains (les Eskimaux) pratiquer entre hommes tous les actes possibles de bienfaisance, et traiter...
Page 63 - Etudiez-la, suivez-la, cette nature atroce, vous ne la verrez jamais créer que pour détruire, n'arriver à ses fins que par des meurtres, et ne s'engraisser, comme le minotaure, que du malheur et de la destruction des hommes.
Page 134 - Dieu! pensai-je épouvantée, tel est ici sans doute, on me l'avait bien dit, le cimetière où ces bourreaux jettent leurs victimes; à peine prennent-ils le soin de les couvrir de terre!... Ce crâne est peut-être celui de ma chère Omphale, ou celui de cette malheureuse Octavie, si belle, si douce, si bonne, et qui n'a paru sur la terre que comme les roses dont ses attraits étaient l'image!
Page 50 - ... créatures; et cela, parce qu'elles s'en croient vis-à-vis de nous. Ayons la force de renoncer à ce que nous attendons des autres, et nos devoirs vis-à-vis d'eux s'anéantiront aussitôt.

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